La correspondance de Swami Vivekananda aura été abondante : l’ouvrage que nous présentons ici, bien qu’il fasse plusieurs centaines de pages, ne couvre pourtant que huit années de correspondance (1888-1895) et, dans ces années, ne reprend qu’une partie des lettres, et le plus souvent que des extraits de cette partie.

Années cruciales évidemment, puisque ce sont celles au cours desquelles Vivekananda comprend sa vocation et y répond, abandonnant la retraite dans laquelle il s’était installé après que Ramakrishna eut quitté son corps. Il quitte alors l’Inde, sa terre maternelle, pour traverser les océans, et en rejoignant aux États-Unis d’Amérique le Parlement des religions, c’est aussi son destin qu’il rejoint et épouse.

Les lettres réunies ici, adressées d’Inde puis des États-Unis surtout, mais aussi d’Angleterre et, un peu, de Paris, nous font entrer dans l’intimité de la pensée de Vivekananda, l’intimité de son atelier. On le voit comprendre que doit être son œuvre ; on le voit envisager, puis concevoir, puis bâtir l’édifice de ce qui s’appelle désormais la Mission Ramakrishna ; on voit apparaître peu à peu les thèmes de prédilection de son enseignement.

Il écrit ainsi beaucoup pour parler de Ramakrishna et pour perpétuer le témoignage qu’il fut d’un vedanta incarné et plein de vie. Il écrit beaucoup aussi pour parler de foi – de Dieu, de spiritualité, de religion – , d’amour, de courage et de liberté. Mais on trouvera aussi dans ses lettres de longs et répétés développements sur le service et sur le travail, sur la pauvreté, sur le renoncement, et sur la condition des femmes. Plusieurs lettres sont adressées à ses frères condisciples : il y pose les fondations de la future Mission Ramakrishna, réfléchissant particulièrement à ce que peut être une bonne organisation.

Il enjoint régulièrement ses frères en ces termes, qui donnent un bon résumé de l’esprit de toutes ses lettres :

« Tout ce qui est nécessaire, c’est l’amour, la sincérité et la patience ».