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Ma vie face au Covid-19

Adji Dramé 


Ma vie face au Covid-19


Nous avons connu Adji Dramé grâce au rabbin Gabriel Hagaï dont elle est l'épouse. Elle a bien voulu  nous livrer son témoignage sur le Covid 19. 

Je m’appelle Adji Dramé, je travaille à la Mairie de Paris, à la DASES (Direction de l’Action Sociale, de l'Enfance et de la Santé) et plus précisément à la Sous-Direction de la Santé où je coordonne un dispositif national qui s’appelle Atelier Santé Ville dont l’objectif est d’intervenir dans les quartiers populaires de la capitale pour réduire les inégalités sociales et territoriale en santé.
J’ai vécu le début du confinement en commençant par une période de quatorzaine puisqu’étant en contact avec deux collègues qui étaient positives.
À la suite, autour de la fin mars, j’ai été mobilisée pour organiser les dépistages dans les EPHAD (avec le scandale que vous connaissez).
Mon rôle est de contacter les structures sociales et médico-sociales pour organiser et piloter des séances de dépistages avec les équipes médicales des centres de santé de la Ville de Paris (médecins, infirmières – recenser les personnes, établir un carnet de bord, gestion des résultats avec le laboratoire, communiquer sur les procédures mises en place par la Ville et l’ARS pour les cas positifs, etc.)
Entre mars et fin avril, nous avons pu tester tous les EHPAD de Paris et nous avons élargi les dépistages dans les foyers de vie pour personnes handicapées, les hôtels sociaux, les foyers de travailleurs migrants, les résidences sociales et autres, où il y avait beaucoup de cas positifs.
Depuis le mois de mai avec la sortie du confinement, la Ville de Paris en collaboration avec le CPAM et l’ARS a déployé les tests de dépistages (tests rapides de sérologie et le PCR le fameux test naso-pharyngé en organisant des barnums pour le grand public. Environ 800 personnes testées par jour sur les différents barnums (1 par arrondissement).
Nous avons enchaîné avec l’Opération Paris Plage durant tout l’été sur 2 sites de Quai de Seine et le bassin de la Villette du lundi au dimanche.
Tout ça pour vous dire que je vis en contact du virus depuis maintenant 6 mois avec une période éprouvante : la disparition de mon beau-père qui a contacté le virus dans l’EHPAD où il vivait. Nous n’avons pas pu l’aider, ni l’accompagner dans ses derniers instants. Ce décès soudain et prématuré a été un coup très dur pour la famille de mon mari.
La crise sanitaire a changé ma vie, elle est faite de moments de force où je n’ai pas hésité à aller affronter le danger, et des moments où on doit annoncer à quelqu’un que son test est positif ou qu’une hospitalisation est imminente, ou quand on assiste à la contamination de collègues qui sont sur le terrain.
Aujourd’hui, je suis toujours mobilisée sur le pilotage et la coordination des dépistages massifs dans les sites pérennes dans Paris. Je rentre le soir chez moi épuisée après ces dépistages, où j’ai dû gérer le stress, l’angoisse et l’agressivité de centaines de personnes pas toujours calmes ni compréhensives de l’effort que je fournis pour elles.
Heureusement que mon mari et mon entourage me soutiennent. Ils constituent mon ancrage qui me permet de me lever tous les matins au service de la santé des autres.
Je note une recrudescence de l’épidémie. Les chiffres du Covid-19 aujourd’hui confirment la hausse, je vois de plus en plus des personnes avec des symptômes et des détresses respiratoires, beaucoup de jeunes et d’enfants par rapport au mois de mars où l’on voyait des personnes d’un certain âge ou des personnes avec des pathologies chroniques. On a tendance à minimiser la dangerosité de ce virus qui n’a pas encore dévoilé tout son code génétique. Actuellement, le virus est identique à celui que nous avons connu en mars, même s’il est certes moins virulent pour l’instant. D’où l’importance de respecter les gestes barrières : se laver les mains, porter un masque et respecter la distance d’un mètre. D’éviter d’être à plusieurs dans un endroit confiné non aéré et sans masque.
Tout ceci a un impact sur ma vie, que je prenne des risques, cela n’engage que moi, mais je ne dois pas exposer ma famille, mes enfants et parents.
En rentrant chez moi après une opération je me déshabille sur le palier et je nettoie mes chaussures avec un seau qui est en permanence devant la porte, contenant du détergent et après je mets mes chaussures au balcon. Mes habits vont immédiatement dans le lave-linge et je vais ensuite directement prendre une douche avant de saluer et d’embrasser ma famille.
De plus, je fais un test de dépistage tous les 15 jours pour préserver les membres de ma famille que je fais aussi tester en cas de doute ou dès le moindre signe potentiellement symptomatique.
J’espère que dans un futur assez proche nous pourrons enfin dire que l’épidémie de Covid-19 a été endiguée. En attendant, nous devons tous avoir un comportement responsable car la vie de milliers de personnes fragiles en dépend.


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