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Vedanta 220 - L'Inde et Hugo

L’INDE ET HUGO *

DAVID AIMÉ

 

 

 

 

 

 En 2002, la France a célébré le bicentenaire de la naissance de Victor Hugo. Ce monstre sacré du XIXe siècle fut à la fois poète, romancier, dramaturge et homme politique, penseur de la République et de la laïcité. Sans oublier ce qui a particulièrement retenu notre attention : son profond intérêt pour l’ésotérisme. Adversaire du matérialisme, il fut un grand défenseur des courants spirituels de son époque. Ses biographes, le philosophe Renouvier et le professeur de lettres Saurat qualifient Victor Hugo « d’étrange résurgence du génie de l’Inde originaire égarée dans la France du XIXe siècle ». Quel rapporte entre Victor Hugo et la sagesse Indoue ? À y regarder de plus près, nous trouvons de profondes similitudes entre  Les Contemplations du grand poète et ce récit sacré de l’Inde ancienne, la Bhagavad-Gitâ, qui constitue un chapitre très révéré de l’immense épopée du Mahabarata.

 

Victor Hugo et la réincarnation

Beaucoup ignorent que la théorie philosophique de la réincarnation est centrale dans l’œuvre de Victor Hugo. Dans « Magnitudo Parvi », Victor Hugo évoque le souvenir des vies antérieures.

* avec l’aimable autorisation des éditions Banyan

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« Il sent croître en lui, d’heure en heure

L’humble foi, l’amour recueilli,

Et la mémoire antérieure ?

Dans son passé vertigineux

Il sent revivre d’autres vies.

Il cherche au fond des sombres dômes

Sous quelle forme il a lui ;

Il entend se propres fantômes

Qui lui parlent derrière lui » (1)

 

La théorie de la réincarnation est placée par l’auteur dans son œuvre  Les Contemplations  (2) qu’il considère comme « sa pyramide ». Victor Hugo affirmait : « A la mort, nous changeons de vêtement ». Nous retrouvons ce même thème dans l’œuvre de sagesse hindoue, la Bhagavad-Gitâ : « L’âme incarnée rejette le vieux corps et en revêt de nouveaux, comme un homme échange un vêtement usé contre un neuf » ; « Comme l’âme passe physiquement à travers les changements de corps. Cela ne saurait troubler ni aveugler l’homme qui trouve en soi la paix ». (Bhagavad-Gitâ, chapitre II, versets 22 et 13).

 

L’homme c'est l'âme

Les deux œuvres se ressemblent à la fois par leur conception de l’homme et de l’âme. Elles décrivent également le combat de l’âme humaine pour atteindre a véritable nature divine.

Pour Victor Hugo, l’âme est une étincelle de Dieu, d’où elle est issue. « L’homme est attaché à Dieu par un cordon de feu que nous appelons l’âme et qui n’est qu’une étincelle tombée de la grande lumière centrale ». Pour Victor Hugo, ce qui est réel est l’âme, la matière n’est pas. Dans la Bhagavad-Gitâ (chapitre II, versets 18 et 19) : « Les corps limités ont une fin, mais ce qui possède et emploie le corps est infini, illimité, éternel, indestructible […] Ceci est (l’âme) ne tue pas, ni n’est tué. »

L’homme est doué d’une âme immortelle. Il est porteur d’une réalité divine atemporelle. Tout ce qui n’est pas cette réalité est finalement illusoire.

Victor Hugo développe l’existence d’une échelle des êtres. Cette échelle vaste montre vers la lumière lentement et par degrés. Selon nos mérites et nos progrès spirituels, nous montons ou descendons dans cette échelle qui embrasse l’ensemble du vivant. Il existe des âmes dans les pierres, les plantes, les animaux et également, il existe des âmes au-dessus des hommes. Des êtres évolués aident l’humanité après avoir gravi eux-mêmes l’échelle ascendante : ce sont les « Âmes Solaires » de Victor Hugo et les Avatars (envoyés) hindous.

 

Le combat de la lumière

Tous les êtres se réincarnent. La vie est un combat pour gagner la lumière originelle occultée dans la matière. Le combat consiste à extraire la lumière de tout ce qui existe. Telle est la voie héroïque décrite par Victor Hugo, voie d’élargissement de la conscience et de conquête de la lumière intérieure. « Tout être est sa propre balance » nous dit Victor Hugo.

 

 

 

« L’échelle vaste est là

Selon que l’âme aimante, humble, bonne, sereine,

Aspire à la lumière et tend vers l’idéal,

Ou s’alourdit, immonde, au poids croissant du mal,

Dans la vie infinie on monte et on s’élance,

Ou l’on tombe ; et tout être est sa propre balance.

Dieu ne nous juge point. Vivant tous à la fois

Nous pesons, et chacun descend selon son poids. »

DAVID AIMÉ

Nous pouvons le rapprocher de la Bhagavad-Gitâ (chapitre III, verset 19) : « Ainsi, sans attachement fais toujours l’œuvre qui doit être faite ; car en faisant l’œuvre sans attachement, l’homme atteint au suprême. » Les désirs et l’attachement aux fruits de l’action, sources de souffrance, alourdissent l’homme et l’empêchent de l’élever. Pour les indous, l’enchaînement des actes et leurs résultats naissent du Karma, loi d’action/réaction qui lie de façon indissoluble un acte et sa conséquence. Hugo formule cette même loi : 

 

« Qu’il soit méchant ou bon : tout est dit. Ce qu’on fit

Crime est notre geôlier, ou vertu nous délivre

L’être ouvre à son insu de lui-même le livre ;

Sa conscience calme y marque avec le doigt

Ce que l’ombre lui garde ou ce que Dieu lui doit. » 

 

Pour Victor Hugo, ceux qui ont gravi toute les marches de l’échelle et dont le cœur est aussi léger qu’une plume ne se réincarnent plus. Ils ont assez souffert. Ils deviendront archanges, dieux, âmes solaires. L’écrivain les qualifie d « ’hommes suprêmes », de vainqueurs. Ils viennent aider l’humanité souffrante et remettre l’ordre et la justice. « Chaque fois qu’une forme de mal de lève, Dieu désigne quelque grand athlète de la statue du fléau. « Ceci est à rapprocher de la révélation que le dieu Krishna fait au héros de l’épopée, Arjuna : « Chaque fois que le dharma s’efface et que monte l’injustice, alors Je prends naissance. Pour la libération des bons, par la destruction de ceux qui font du et mal, pour mettre sur le trône la Justice, Je prends naissance d’âge en âge. » (Chapitre IV, verset 7 et 8).

Inspiré par ces hommes suprêmes, le poète s’était donné pour mission de « faire flamboyer l’avenir » afin que les hommes, prisonniers de l’immédiat et obnubilés par leurs actions n’oublient pas leur grandiose destin collectif. Il professait ainsi qu’à l’instar des âmes des pays se réincarnent. Ainsi Paris serait à la fois la réincarnation d’Athlètes, de Jérusalem et de Rome. C’est ainsi que dans son poème, « Paris », il prophétisait : « Le continent fraternel, tel est l’avenir. Qu’on en prenne parti, cet immense bonheur est inévitable ».

 

(1) Les œuvres complètes, Victor Hugo, Robert Laffont. (2) sauf indication contraire, les citations sont extraites de « Les contemplations », Victor Hugo, Editions Nelson, Ambiance de l’Inde. Site Nouvelle Acropole France

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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