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ANACHRONIQUES Printemps Eté 2021

 

Nous retrouvons pour notre plus grand plaisir les Annachroniques d'Aditi - Printemps - Eté 2021

Un petit problème technique n'a pas permis la visibilité des Annachroniques Automne - Hiver 2020/2021, c'est chose résolue ! Promenez-vous dans le blog et vous les découvrirez.

Belle lecture à vous

 

 

Semaine du 21 mars

Hier nous avons fêté le premier jour du printemps,et un nouveau re-confinement partiel pour 16 de nos départements. Un moindre mal sachant que d'autres pays se sont reconfinés totalement parfois depuis plusieurs semaines... décidément on n'en finit pas de faire le yo-yo ! Il est vrai qu'à la longue les gens ont tendance à se relâcher et une certaine lassitude se fait sentir. Malgré tout il faut tenir bon face aux aléas de la vie, ce que l'homme est toujours parvenu à faire sinon il aurait disparu depuis bien longtemps de la surface de la terre. Pensons à nos héroïques ancêtres et à ce qu'ils ont du endurer et braver, ayons de la gratitude et restons humbles. Mais sachons nous projeter plus loin en nous demandant sur quelle terre nous désirons vivre. Le message de Swami Vivekananda n'est-il pas toujours d'actualité ? Et Naren de nous relire quotidiennement les pensées de Swami Veetamohananda si inspirantes car oui nous avons tout en nous et nous ne le savons pas toujours... !

Ce mardi sur la radio je suis heureuse de retrouver Olivier au sujet des « habitudes » qui nous cite les paroles d’Épictète tout à fait d'actualité, et en accord avec Swami Vivekananda : « nous devenons ce que nous pensons..» et « Si tout ce que nous pensons est issu d'une habitude cela implique que nous pouvons toujours la créer et la détruire », nous dit-il. Oui c'est tout à fait encourageant !

Je m'interroge aussi sur mes habitudes qui parfois deviennent pesantes et me dis qu'il est parfois impérieux d'en changer. D'ailleurs le monde extérieur ne nous y contraint-il pas ? Il s'agit toujours de faire la part des choses et n'est ce pas là question de bon sens : qu'il s'agisse de nos gestes habituels, de nos modes de vie, de nos modes de pensée, de nos croyances...Mais n'y a t il pas de « bonnes » habitudes qu'il nous faudrait peaufiner ? Quid du dicton « cent fois sur le métier remettons notre ouvrage », pour devenir expert en une matière, et que dire des ces personnages appelés « trésors vivants »qui détiennent l'art de la perfection, qui transmettent un savoir ancestral ?...

Pour faire écho à ces belles pensées, Naren nous fait découvrir les paroles de chanteurs aussi divers qu'inspirés, une belle note de gaîté, merci radio du cœur !!!

Ce matin dans l'émission télévisée Sagesses Bouddhistes consacrée à Maître Dogen un mot me frappe : « dépouillement »et l'évidence me saute à l'esprit. Voilà la réponse à ma question : « quel est le sujet ? ». La nécessité du moment n'est ce pas le dépouillement, se mettre à nu, nettoyer, éliminer tout superflu, redevenir à l'état neuf, sans à priori, vierge de tout préjugé, et comme le nouveau-né s'abandonner dans les bras du Suprême ? Ce qui corrobore mon rêve : dans un abandon confiant je sentais physiquement une régénérescence intérieure, nourrie par une onde d'Amour Pur. Je ne saurai dire si elle m'était envoyée ou si elle émanait du plus profond de mon être ou peut être les deux.

Quelques jours auparavant j'ai eu une autre révélation suite à un épisode de « The Spanish Princess » : Cette petite enfant, Marie, fille de Catherine Tudor, reine d'Angleterre, (elle même fille de Blanche de Castille), était mal aimée par le fait que ses parents souhaitaient ardemment pour héritier du trône un garçon. Ce désamour qu'elle portait comme une chape étaient une prison où son âme ne pouvait s'épanouir. Son attitude de défi et son regard farouche traduisaient sa colère devant cette injustice. Jusqu'à ce que sa mère, bannie par le roi, Henri VIII, la prenne sous son aile pour lui enseigner son véritable rang de future reine : ainsi l'enfant fut elle libérée de sa prison, grâce à l'amour retrouvé de sa mère .

Ainsi Swamiji nous enseignait sur l'Amour pur de la mère pour son enfant, et la reconnaissance de l'enfant pour sa mère comme d'origine divine. Que penser alors de tous les manquements et les conséquences liés à l’inexistence ou l'altération de ce lien ? La spiritualité de l'Inde à beaucoup à nous enseigner sur le sujet, mais aussi d'autres cultures plus méconnues sur lesquelles il serait bon de se pencher.

 

 

 

Semaine du 29 mars au 4 avril

Dimanche, le jour des rameaux, jour de Paix par excellence nous entamons la Semaine Sainte. J'ai envie de vivre ces jours avant la Pâques en toute simplicité et à l'écoute des messages que la nature veut bien nous transmettre.
Avec la pleine lune cette nuit du 28 on y voyait comme en plein jour le ciel étant particulièrement dégagé. Et au matin à nouveau une gelée blanche, espérons que cela ne porte aucun préjudice aux floraisons précoces.
La nature elle aussi semble se refréner : les bourgeons sont sur le point d'éclore dans les grands chênes, leur conférant une étrange couleur automnale, comme pour donner le change, mais l'énergie qui irradie ressemble plus à de la jubilation, et les oiseaux s'y entendent pour chanter la louange du printemps. Comment ne pas s'accorder à un environnement si joyeux ? Et au diable les fauteurs de troubles !
Mardi. Hier au soir la lune est apparue sur l'horizon énorme et magnifique dans son habit de fête orangé. Le ciel alentour formait comme une auréole luminescente et ce rayonnement particulier inspirait la crainte et l'admiration à la fois. Tout était immobile, et comme sous l'emprise d'un charme, comme frappé de stupeur. Moi-même me trouvai subjuguée. Lune, tu te montrais puissante et généreuse mais je sentais comme un frisson de tendresse et de fragilité. Ô lune, puisses tu garder ton mystère inviolé et hors de porté de l'emprise des hommes avides. Tu suscites déjà tant de convoitises alors que les richesses de la terre ne leur suffisent plus.

 

 

Semaine du 5 au 11 avril

Par un étrange mimétisme le soleil ce matin avait l'aspect de la lune d'avant hier, irradiant d'une douce couleur safranée. Me vient à l'esprit la couleur du sanyas, du renoncement. Ce couple soli-lunaire s'entendrait-il pour nous chuchoter ses secrètes aspirations ?

J'ai refait le plein à la médiathèque, une dizaine d'ouvrages de toute obédience dans lesquels j'aime puiser selon les heures de la journée : récits de voyage ou romans autobiographiques, traités psychologiques ou spirituels...dans chacun des ouvrages je pars en voyage, de découvertes en découvertes.

J'ai retrouvé notre chantre, Christian Bobin et sa délicieuse écriture:

« ...Un merle, un geai, quelques accidents lumineux. La grande vie prend soin de nous quand nous ne savons plus rien...
L'âme naît au point de rencontre de notre néant avec la lumière qui nous en sauve. Elle n'est pas sans rapport avec le déambulatoire de ces arbres dont les branches basses boivent l'eau verte près des roseaux. ...Mais cette lumière, oh, cette lumière qui danse pieds nus sur l'eau captive ! Tout donner tout perdre et qu'on n'en parle plus. Ne plus penser à rien. Rien faire c'est déjà faire un pas vers Dieu. « Rien » est ce qui permet à la splendeur de descendre un jour sur les eaux d'un étang comme partout sur la terre ignorante....La poésie c'est la grande vie ».

En deux journées d'été les bourgeons ont explosé, irradiant d'un vert plein de tendresse...Mais ce matin le vent du nord nous fait déchanter. Dame Nature joue la coquine, c'est elle qui mène le jeu.
J'exulte en apprenant que les enfants nous confient notre petite fille dès cette semaine ...Cette configuration malheureuse en fait fait notre bonheur, je vais pouvoir m'investir à nouveau dans le rôle d 'enseignante. Sa compagnie nous est bien agréable et nos journées remplies d'activités ludiques mais également instructives, au vu du retard dans le programme scolaire.

 

Semaine du 26 avril

Notre petite fille vient de reprendre l'école et il me faut retrouver mes marques . Une parenthèse bien stimulante, et personnellement j'apprécie ces ruptures de rythme!
Après une vague de chaleur bienvenue nous avons essuyé à nouveau une belle vague de froid généralisée sur tout le pays. Celle ci a fait des dégâts en particulier sur la floraison des arbres fruitiers. Les fleurs du jardin, elles, font fi de ces aléas : en peu de temps les azalées se sont épanouies et les iris ont pointé leur nez, de même que les pivoines, et il nous faut refaire la guerre aux mauvaises herbes ! Mauvaises ? Pas tant que cela car durant ces vacances nous nous sommes intéressées aux vertus des plantes. Quel ne fut notre étonnement de constater la quantité de plantes sauvages comestibles dans le jardin même: pissenlits et orties bien entendu, mais également le lamier pourpre et le lamier blanc, cuisinés en soupe, la berce commune, la violette odorante dont les feuilles et fleurs sont comestibles, le cerfeuil des bois, la benoîte urbaine, dont on peut manger les jeunes feuilles ou la racine en condiment, la ficaire fleur jaune de la famille des boutons d'or dont on utilise les tubercules en décoction contre les hémorroïdes, le gaillet grateron dont on peut manger les têtes crues ou cuites sans oublier le lierre grimpant comme tonique veineux en utilisant ses feuilles en compresses, mais aussi un sirop pour la toux, ...et j'en passe !

Je replonge dans mes lectures favorites. Celle de Boris Cyrulnik « La nuit j'écrirai des soleils » dont voici quelques extraits bien dans l'air du temps, faisant l'apologie de l'écriture et des arts en général :
« La littérature comme toute forme d'art est la preuve que la vie ne suffit pas. La seule réalité c'est l'âme. Seule la volonté de sens peut réapprendre à vivre. Et un autre équilibre se met en place qu'on appelle résilience...Il faut accepter les désaccords pour faire évoluer la pensée...Pour devenir vivant et créatif un groupe humain doit évoluer...Les formes d'art sont plus ouvertes en exprimant l'étonnante diversité des mondes mentaux....Mais cette liberté peut être angoissante, on peut devenir une âme errante, ballotté par l'angoisse du vide. Si je m'enferme dans mon identité je m'aliénie de façon bienfaisante mais j'ignore les autre, je n'habite qu'un seul monde...

La reprise d'un nouveau développement se fera entre un cerveau sculpté par son milieu précoce et sa culture environnante qui peut l'inviter au récit ou le priver de parole...On peut passer sa vie en n'exprimant que ce que les autres acceptent d'entendre, ce qui construit une crypte dans l’Âme . Cela contraint à mener deux vies, l'une acceptable socialement, l'autre plus secrète où il est heureux d'être tel qu'il est et malheureux de n'être pas comme tout le monde. »

Oui, plus que jamais en ces temps de Kali Yuga la culture et la créativité sont indispensables à notre équilibre, propos que n'aurait pas désavoué Swamiji !

Je ne cesse de m'extasier sur les cadeaux que nous prodigue mère nature. Le petit jardin zen est magnifique ! Les azalées sont en fleur, forment des bouquets resplendissants, ainsi que les arômes, les iris pointent le bout de leur nez et les pivoines s'élèvent vers la lumière de jour en jour. Les genêts se font pardonner leur retard en délivrant leur fragrance et la glycine apporte sa douce note à ce concert de couleurs...Quelle beauté ! De nouveaux protocoles de dé confinement s'annoncent enfin, car le temps semble à chaque fois se figer. Vivement que la vie reparte !

J'écoute avec plaisir la chronique « Jotish » qui donne la coloration de la semaine en fonction des astres : « mettre l'énergie dans je suis, nous rapprocher de notre Dharma, nous muscler spirituellement»... Oui malgré tous les aléas il nous faut maintenir notre cap. Et comme Isabelle nous le rappelle si justement, donner et rayonner l'énergie, mettre de l'amour dans toute émotion afin d'apporter la croissance, d'atteindre la vérité ...Comme le soulignait aussi Swamiji, « le contentement intérieur et la poursuite de la créativité dans notre vie sont les seules choses qui comptent. »

Rencontre sur zoom pour le journal Namaskar. Sans que je ne demande rien, Brigitte me propose d'écrire un article sur Romain Rolland, que j'accepte avec joie, répondant à un désir secret de me trouver un nouveau sujet de recherche. Cet auteur pourtant illustre dans la littérature française, ne semble plus au goût du jour. Pourtant il nous inspirerait bien à notre époque ! Il s'était aussi intéressé de près à l'inde en écrivant sur Ramakrishna, Vivekananda, Rabindranath Tagore en apportant en occident leur aura si particulière...

 

 

 

Semaine du 23 mai

Avec la Pentecôte, (du grec pentê kostè, le 50ème jour) une journée exceptionnelle, symboliquement la descente de l'Esprit Saint, promesse de Jésus aux apôtres. Ma question : qu'est ce que le mystère divin ? J'ai une intuition à ce sujet, concernant des petits événements qui s'invitent dans mon quotidien et susceptibles de témoigner de ce grand mystère. Il y a de multiples synchronicités entre mes pensées du moment et les intervenants sur RGGweb dont la chronique fait écho...
L' écoute du magnifique récit de la vie de Swami Brahmananda par Isha, me plonge dans une joie profonde, tout comme celle de Sarada Devi.

J'ai trouvé devant la porte fenêtre un oiseau inerte qui avait manifestement percuté la vitre, quelques plumes y restant collées. Il semblait paralysé, accroupi sur ses pattes pendant un bon quart d'heure. Je m'interrogeais sur l'opportunité de le prendre le mettre à l'abri des chats...Je restai là à l'observer, et voyant que son œil s'était ravivé, gardai l'espoir qu'il se reprenne. En effet il se dressa sur ses pattes, hébété, tournant la tête en tous sens, et au bout de quelques minutes enfin repris son envol et alla se réfugier dans la haie. Il revient depuis chaque matin picorer son petit déjeuner, sans rancune. J'en fus bien soulagée, et reconnaissante à la Grande Vie.

Mercredi, jour de pleine lune, un point s'impose: que pouvons nous faire en ces temps perturbés, physiquement, psychiquement, et spirituellement ? Nous devons décoder les obstacles et non fuir devant eux, grandir en discernement et responsabilité, développer nos capacités propres et construire ce que nous sommes vraiment. En changeant la signification de nos valeurs, en révisant nos priorités et en diminuant nos désirs, les choses deviendront plus limpides. Le contact avec la nature permet de rester dans son axe, et de rester humble.

« L'âme doit dominer la personnalité, tout ce qui est fait avec le cœur nous protège et nous guide vers l'essentiel. La compassion, par exemple, rend la vie plus fluide ».

Juin

Au fil des jours les nuages passent et repassent, dans un sens, puis dans l 'autre...Sont ce les mêmes, ou bien se sont ils vidés de leur charge pour se remplir de nouveau... Cette eau qui s'évapore puis se condense pour s'évaporer à nouveau, quel est ce mystère ?
« Rien ne se perd rien ne se crée » c'est bien ce que nous enseigne le dicton ?

Après cette période frileuse, je m'active à nouveau au jardin où tout à pris du retard. De nouvelles floraisons succèdent aux précédentes, iris, pivoines, lupins, et autres espèces qui se sont ressemées spontanément dans des endroits inattendus, tels les lumineux escholtzias, merveilleuse petite fleur égayant l'ensemble jusqu'à l'automne.

J'ai terminé le livre de Pierre Rabbhi « Du Sahara aux Cévennes » magnifique hommage d'un homme simple à la nature, notre terre nourricière.
« J'aime ce pays qui nous a donné asile et à travers lui la splendide planète qui est la nôtre. J'aime ce pays dans la respiration quotidienne, dans les saisons, dans la pluie, dans le vent, si proche de tout ce qui vit.

Partis de rien nous sommes des gens qui ont réussi à subsister sur un bout de terre presque inhospitalier. Et si nous avions quelque chose à dire, ce serait que notre malheureuse société n'est pas une fatalité, mais l'image pétrifiée de notre conscience. Nous avons fait ces choix générateurs d'injustice, de misère pour le plus grand nombre et de boulimie maladive pour une minorité. Il faudra bien que nous changions ce désordre. Le superflu est reconnaissable à ce qu'il se retourne contre nous en nous donnant l'illusion qu'il est à notre service. Le seuil idéal a pour limite la nécessité. Au delà commence l'avidité des gens qui ont peur, en même temps que des troubles de toute nature(...)Nous avons ici témoigné pour la joie car malgré les apparences elle existe , elle habite les jours paisibles qui abritent notre patience... »

Avec l'approche des vacances d'été il y a un nouveau souffle, l'air semble devenir plus léger, et nous envisageons quelques ballades en bord de mer, avant la ruée des touristes. Une première ballade à Suscinio, sur la presqu'ile de Rhuys, où se dresse en bord de mer un imposant château fort, magnifiquement restauré. L'environnement de marais salants préserve une faune intéressante d'oiseaux migrateurs dont des ibis !

L'immense plage est quasi désertée à cette époque et quel plaisir que de plonger les pieds dans la mer et courir dans les vagues à défaut de s'y plonger! Un grand bol d'air marin dont nous avions bien besoin pour réactiver nos neurones fatigués !
Fort de cette expérience la semaine suivante nos pas nous conduisent à Piriac sur mer. Nous profitons d'une matinée ensoleillée, et à nouveau pas un chat sur la grève ! Après une belle promenade sur le chemin des douaniers nous improvisons un pique nique ; la douceur de l'air et les couleurs changeantes des flots marins m'incite à rêver de grands espaces : et bas les masques, oubliées toutes ces restrictions et contraintes multiples,nous savourons pleinement ces instants que la vie nous offre.

D'autant que la météo si capricieuse nous joue à nouveau des tours...Les fleurs du jardin en pâtissent ainsi que le potager : tout y fait grise mine y compris le basilic si abondant les autres années. Seuls les framboisiers résistent vaillamment.
Mais l'envie de chanter m'est revenue et je me suis reconnectée avec reconnaissance sur le site de Viveka pour partager les chants religieux. J'avais oublié à quel point cela redonne de l'énergie et m'est indispensable !

Juillet

Voici longtemps que je ne me suis remises à l'écriture, une vaste plage blanche, nécessaire sûrement, pour terminer de digérer une période somme toute très difficile à vivre ? Que dire, que penser ? Du blanc c'est tout...comme une parenthèse dans le temps. Après une grande sieste méditative, je me lève et, stupeur, elles sont toutes là, rassemblées dans le pré tout proche, mes adorables vaches, au nombre de neuf, enfin, belles et brillantes et rebondies, comme lustrées par le soleil succédant aux pluies de ces dernières semaines. Je ne les apercevais même plus, n'y prêtant plus attention, perdue dans mes songes, mes ressassements, mes questionnements restés sans réponse. Ou au contraire, furieusement occupée au jardin à bagarrer contre l'envahissement des mauvaises herbes, m'évertuant à semer d'improbables fleurs pour l'été en attente, bravant la froidure du vent et sa main vengeresse qui anéantissait mes parterres...

Je m'étais plongée dans ce merveilleux récit de Philippe Le Guillou ( un nom breton?) « la route de la mer », d'une écriture enrichissante, autant que nourrissante, une lecture que je savourais à petites doses pour la faire durer plus longtemps. J'y retrouvais des évocations qui n'étaient pas pour me déplaire et répondaient à mes humeurs passagèrement mélancoliques...

« ...C'était inexprimable mais je me sentais soudain exposé, à nu, aussi nu que mon premier modèle si heureux de s'afficher dans l'insouciance de sa beauté. Comme si des protections étaient tombées, comme si l'empire des eaux ne cessait de gagner, du vide, du vent, ruinant tout, le calcaire friable, nos défenses, les pavillons pourris de l'enfance, les propriétés abandonnées à la lisière de l'abîme, les demeures passagères, précaires, qui partaient avec nos fantômes et le spectre de nos désirs, les maisons de famille aussi poreuses, aussi fragiles que la craie normande, la craie blanche et rouillée qui enchantait Braque, comme si un reflux terrible s'amorçait, qui disait le délabrement, la fragilité, l'effacement progressif des repères, et des lieux....(...) Dans ce monde qui se désagrégeait, il ne resterait que la musique, ce requiem allemand dont j'avais entendu quelques notes, et que je n'étais pas sur d'aimer... »

 

Semaine du 5 juillet

Je ne sais pas si nous sommes bien en juillet, nous pourrions aussi bien être en mars ou en automne, vu la fraîcheur du temps. Je regarde filer les nuages qui se chevauchent parfois, semblant faire la course. Par intermittence une déchirure de ciel bleu révèle de petits nuages évoquant des cheveux d'anges, comme si Dieu me faisait un petit clin d’œil...Je m'extirpe péniblement de dessous ma couette où je me réfugie chaque après midi, le temps d'une belle lecture . Un regard au dehors confirme que mes vaches aussi ont terminé leur sieste.
Le livre qui m'accompagne est à l'image du temps, toujours gris et chargé de nostalgie pour les années enfuies...Je pense à la mort, en écho à celle de la sœur du héros qui s'appelait Anna, et dont il accompagna les derniers moments. Je repense à ma chère Maman pour qui j'ai essayé d'être présente et cette blessure douce-amère qui persiste comme une cicatrice indélébile. Oui je repense souvent à ces temps passés, ces contacts perdus comme des plages désertées, est ce là le signal de la vieillesse ? Mais ce sont plus de bons souvenirs qui me reviennent spontanément. Et grâce à Dieu, ils sont légion. Bon il est temps que je me secoue de ce marasme, je décide d'aller cueillir les premières

fleurs de glaïeuls, et d'en faire un joli bouquet. Annick m'a gentiment offert un grand vase qui me manquait pour l'occasion. J'ai aussi de la couture en attente, et me prend l'envie soudaine de faire un pain d'épice et de sentir une bonne odeur de pâtisserie a de quoi chasser toute pensée morose !

 

Semaine du 12 juillet

Il me faut mobiliser toute mon énergie pour établir quelques projets pour les semaines à venir. Ce covid mutant engendre peurs et questionnements de toutes sortes quand aux précautions pour faire face. Les gestes barrières seront ils suffisants ? Et quid de la vaccination ? Toutes ces attitudes contradictoires et ces contraintes finissent par entraîner une sorte de désenchantement. Et nous avons tous envie de le jeter aux oubliettes...Il nous faut absolument muscler notre esprit pour garder notre axe.
J'écoute toujours avec plaisir les podcasts de la radio RGG dont notre amie Prema: « Je donne du pouvoir à ce qui est apparent, ce qui vient d'abord, mais j'oublie l'essentiel, ce qui est caché, mais bien plus précieux. Mettre un masque peut permettre d'absorber les reflets, faire taire les images. Je suis quelqu'un qui émet mais aussi quelque chose qui est, le masque permet d'en prendre conscience. Quand on pénètre à l'intérieur, dans le noir, on éteint les reflets et on découvre une autre lumière, celle qui ne s'éteint jamais. » Celle qui ne s’éteint jamais, la flamme de vie, oh combien cela est exact, merci Prema !

 

Semaine du 19 Juillet

Mon amie d'enfance qui vivait avec son mari à 5OOmètre de chez nous déménage : ils quittent leur maison devenue trop grande pour deux retraités et veulent se rapprocher d'une grande ville, Rennes en l’occurrence. Quitter leur maison pour un appartement leur simplifie la vie, disent-ils. Je souris à l'idée que par les temps qui courent une majorité de gens souhaite fuir la ville...Du coup je m'active avec eux, j'ai la garde de quelques cartons et de deux orangers, arrivés en tracteur. Un peu effarée par la responsabilité de leurs soins et aussi de la longueur de leurs piquants ! Une bonne taille s'avère indispensable. Je récupère aussi une tonne de glaise, c'est chic, je vais pouvoir me remettre aux modelages et poteries en tous genres.
Les enfants arrivent sous peu et j'ai une semaine bien remplie en perspective. Mais le plaisir des retrouvailles en famille et des moments à passer ensemble pour les vacances, apporte un nouveau souffle de vie et un regain d'énergie ! Curieusement mon esprit s'apaise, et mon cœur enfin réjoui se déleste de toutes les pesanteurs.

 

 

 


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