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Université de l'Homme : IRPYV


Retrouver la voix du guru en soi - partie 1 : Le lâcher-prise

Par Adeline Dépraz-Dépland

Travail de recherche proposé dans le cadre de l'Institut de Recherche et de Pratique de Yoga Védique


 

L’étude des textes, la pratique de postures sur le tapis, la méditation, les chants de mantras… sont autant de pratiques qui nous permettent de développer notre connaissance de nous-même et de l’ultime Réalité. Je vous propose une séance de yoga pour retrouver son équilibre, la voix du guru en soi lorsque l’on est ébranlé par les aléas de notre quotidien.

 

Le désespoir d’Arjuna

 

BG I-47 Ayant ainsi parlé sur le champ de bataille, Arjuna, laissant tomber l’arc et les flèches, l’esprit accablé de douleur, s’affaissa sur le siège de son char.

 

 

 

 

            La Bhabavad Gita commence avec la description du désespoir d’Arjuna. Au début d’un conflit qui oppose les différents membres de sa famille pour conquérir le pouvoir, Arjuna se rend au milieu du champ de bataille. Il est en proie aux doutes, il ne sait plus quoi faire, s’il doit combattre ou non. La confusion prend possession de son esprit et lui fait perdre tout discernement, toute capacité de décision.

Nous avons toutes et tous déjà vécu ce genre de situation : un événement de notre vie où le doute, la colère ou la tristesse prend le dessus et emplit tout notre esprit. Nous ne savons plus que faire, trouver le juste chemin. La situation peut ressembler étrangement au champ de bataille de la Bhagavad Gita, lorsque l’on est pris en étaux entre deux camps qui s’opposent. Parfois, le champ de bataille est une image, une métaphore pour illustrer le conflit intérieur qui s’opère en nous, conflit entre deux idéaux, entre deux visions de la vie, entre deux situations opposées… Il peut arriver que ce conflit intérieur prenne une telle ampleur qu’il envahit tout, qu’il occupe tout l’espace mental. Il n’y a alors plus de place pour la réflexion, plus de place pour la pratique, plus de place pour la bienveillance envers soi ou les autres. Le mental s’effondre, cherche une issue. L’action qui en découle ne peut être juste, elle est subie, comme le seul moyen qui permet de se libérer en cet instant, compte tenu de ses propres limitations.

Dans ses commentaires sur la Bhagavad Gita, Abhinavagupta indique : « Même si l’on est doué de sagesse, un conflit intérieur où s’affrontent connaissance et illusion peut venir nous submerger et, si l’on se trouve soudain incapable d’agir et réduit à l’impuissance, c’est que tout discernement nous a abandonné. » Le mental cherche à justifier le conflit, à expliquer de manière rationnelle le juste du mauvais. Mais au fond, le véritable conflit qui s’opère en soi, c’est l’opposition entre la connaissance et l’illusion, l’opposition entre la réalité du monde qui nous échappe et l’illusion de la Maya, du grand jeu divin dans lequel nous sommes piégés.

 

Le lâcher-prise

 

BG II-7 Ma nature, dominée par la faiblesse et mon esprit troublé sur mon devoir, je Te supplie, dis-moi résolument ce qui est le meilleur. Je suis Ton disciple. Instruis-moi. J'ai pris refuge en Toi.  

En acceptant l’effondrement en lui et autour de lui, Arjuna lâche-prise. Et c’est dans ce lâcher-prise qu’un espace de dialogue s’ouvre, que le dialogue avec Sri Krishna peut commencer. De même, si l’on parvient à lâcher-prise, à accepter ce qui est, ce qui se joue en soi et autour de soi, alors enfin un espace s’ouvre pour permettre le retour vers soi-même, un espace de dialogue avec son être profond pour essayer de comprendre, de progresser.

 

 

 

Pratique pour cultiver le lâcher-prise : Respiration complète avec un mouvement des bras

Ecouter la pratique

S’allonger sur le dos, les jambes fléchies, les pieds déposés sur le sol derrière le bassin.

Les bras sont déposés sur le sol le long du corps.

Laisser le dos s’étaler sur la Terre le temps de quelques expirations

Avec les expirations suivantes, plonger à l’intérieur, vers la profondeur

Sur la prochaine expiration, se déposer dans cet espace intérieur

Prendre conscience de la respiration naturelle, essayer de l’observer, sans chercher à la modifier, l’accueillir telle qu’elle est aujourd’hui

Expirer profondément

Sur l’inspiration, les bras glissent sur le sol pour décrire un grand cercle autour du corps, bras au-delà de la tête en fin d’inspire

Sur l’expiration les bras se soulèvent vers le ciel, le dos des mains en contact, amener les mains entre les genoux, puis si c’est possible soulever la tête (périnée tonique).

En fin d’expire, reposer la tête, les bras sur la Terre.

 

Progression dans l’exercice :

  1. Vivre le mouvement au rythme de la respiration naturelle, en harmonisant le mouvement du corps avec le mouvement de la respiration.
  2. Quand le corps est à l’aise dans le mouvement, laisser le corps faire, pour simplement vivre le mouvement de l’intérieur, conscience du mouvement du corps, du mouvement de la respiration.
  3. Puis, à la fin de chaque inspiration, ne pas se précipiter dans l’expire, attendre que l’expire se déclenche d’elle-même.

De même, à la fin de chaque expiration, attendre dans l’immobilité que l’inspiration se déclenche d’elle-même.

Vivre ces temps de suspension, ces temps de rien, sans attente, dans la vacuité de l’instant.

 

Accueillir dans la détente l’ambiance qui se crée.

 

Observer que quelque chose a lâché, qu’on est plus dans l’être que le faire. L’idée est de laisser le mouvement se faire à travers soi, sans contrôle superflu, simplement dans le vécu de l’instant. Ainsi un espace de dialogue avec soi-même s’ouvre, une meilleure sensibilité au corps et à l’esprit, une communication possible, tout comme le dialogue entre Arjuna et Sri Krishna ne peut s’installer qu’une fois qu’Arjuna lâche prise et prend refuge en lui.

 

 


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