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La vie et le message de Sri Ramakrishna


D’après la conférence de Swami Devapriyananda

13 mars 2022 à l’occasion de l’anniversaire de Sri Ramakrishna

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L’anniversaire de Sri Ramakrishna

Aujourd’hui nous célébrons l’anniversaire de la naissance de Sri Ramakrishna. Dans beaucoup d’endroits, en Inde, à Belur Math, en Europe également, on célèbre l’anniversaire de Sri Ramakrishna le jour de sa naissance et le dimanche suivant. Cette tradition a débuté quand Sri Ramakrishna était encore vivant. Il vivait à Dakshineswar et de nombreux dévots qui venaient le voir ne pouvaient se libérer en semaine, ils étaient occupés par leur travail, leur famille… Ils venaient le jour de congé suivant pour célébrer l’anniversaire de Sri Ramakrishna. Ils chantaient tous ensemble, ils écoutaient les enseignements de Sri Ramakrishna, ils prenaient le prasad[i] ensemble. C’était un jour de joie pour tous les dévots. Cette tradition a perduré jusqu’à maintenant. Les dévots viennent dans différents centres pour célébrer ce jour dans la joie comme nous le faisons en France, en Europe. Nous nous retrouvons tous ici aujourd’hui, nous avons célébré la puja[ii], nous avons eu notre prasad et maintenant nous sommes ici pour écouter l’histoire de sa vie et son message.

 

Qui était Sri Ramakrishna, dont nous voulons connaitre la vie et le message ?

Sri Ramakrishna est né en 1836 et est décédé en 1886. Il a vécu juste 50 ans. Depuis sa mort, il y a plus de 140 ans, nous célébrons toujours son anniversaire car sa vie était bénie. Certains disent que c’était un grand aspirant, d’autres disent qu’il était fou de Dieu, d’autre qu’il était une âme réalisée, d’autres encore disent que c’était une incarnation de Dieu, mais il a vécu une vie comme nous autres, comme une personne ordinaire. Nous savons combien il est difficile de concentrer notre esprit et obtenir la réalisation et la libération le sont encore plus. Mais dans ce corps, Sri Ramakrishna a réalisé la vérité en empruntant toutes les voies utilisées à l’époque.

 

Les origines de Sri Ramakrishna

Sri Ramakrishna est né dans un village reculé. Il n’était pas le fils d’une famille aisée, mais il a été élevé dans une famille très pieuse. Son père et sa mère étaient toujours dans la vérité,au nom de laquelle, ils étaient prêts à tout sacrifier. Le propriétaire terrien de leur village voulait que le père de Sri Ramakrishna mente en sa faveur. Mais ce dernier n’était pas prêt à mentir, il était connu comme un homme sincère, son nom était Khudiram Chattopâdhyâya. Tout le monde avait confiance en la véracité de ses paroles. Dans un tribunal, le juge accepterait sa version. Dans la nuit qui suivi son refus de mentir, toute la famille fut chassée et dut quitter le village en laissant derrière elle les terres, les propriétés... Mais, ils sont partis de manière heureuse car ils étaient restés sur le chemin de la vérité. Ses frères sont partis dans différents endroits et Khudiram, le père de Sri Ramakrishna, a été accueilli par un ami dans le village de Kamarpukur. Cet ami leur a donné une petite maison, une petite parcelle de terrain. Ainsi ils pouvaient cultiver et vivre. Si vous allez aujourd’hui à Kamarpukur vous verrez cette même maison en terre qui est conservée et entretenue comme à l’époque. Ils avaient pour habitude de commencer la saison des cultures avec des prières et de la vénération. Et cette petite parcelle de terre était suffisante pour les nourrir. Cette parcelle existe toujours. Sri Ramakrishna est né dans cette maison et un temple a été édifié en ce lieu.


Une enfance hors du commun

Sri Ramakrishna grandissait comme tous les petits enfants, mais très vite on constata qu’il avait des qualités remarquables. Il n’était pas très doué pour les études, mais il avait d’autres centres d’intérêt. Quand on lui demandait : « pourquoi ne veux-tu pas étudier ? », cet enfant répondait de façon très belle : « ce qu’on m’enseigne ne sert qu’à gagner de l’argent, je ne veux pas vivre ma vie de cette manière ». Pour lui gagner de l’argent et avoir une vie comme les autres n’avaient aucun sens. Ce n’est pas quelque chose d’ordinaire pour un enfant si jeune. En grandissant dans notre propre vie, combien d’entre nous pense de cette façon ? Mais ce jeune enfant savait déjà ce que signifiait cette éducation. Il a seulement appris à lire et à écrire, il ne se destinait pas à une vie d’érudit. Ses frères étaient plus avides de connaissance. Son frère ainé est parti à Calcutta pour avoir un bon salaire et il enseignait aux étudiants. Ce dernier pensa : « pourquoi ne pas faire venir mon frère ? Ainsi, avec les autres étudiants il pourra apprendre quelque chose ». Ainsi, Sri Ramakrishna quitta son village et rejoint son frère à Calcutta. Mais le village lui manquait et lui aussi manquait aux villageois.

Je peux vous conter quelques faits de son enfance. Dans de nombreux villages indiens, des représentations théâtrales avaient lieu, on en trouve encore aujourd’hui. Ces représentations faisaient appel à la mythologie, aux épopées du Ramayana et du Mahabaratha. C’était habituel à Kamarpukur. Le lendemain des représentations, on trouvait ce petit garçon, Ramakrishna, avec ses amis jouant ces mêmes scènes. Il guidait ses camarades dans les différents rôles et leur enseignait les différents personnages de la pièce. Les paysans trouvaient ses représentations très belles. Ils se demandaient comment un jeune enfant pouvait se souvenir des dialogues, des musiques, des paroles. Dès son enfance, Ramakrishna était doué d’une mémoire extraordinaire.

Plus tard quand les gens entendirent tant de qualités à son propos, ils savaient qu’il ne lisait pas les Écritures. Sri Ramakrishna avait l’habitude de dire : « j’ai beaucoup entendu ». C’est donc un pouvoir remarquable de mémoire qu’il avait. Ils se rappelait de toutes les Écritures qu’il avait entendues.

Il n’avait pas seulement la qualité de la mémoire, mais également des talents artistiques : il pouvait faire des sculptures en terre, il pouvait peindre aussi. Il y avait un artiste célèbre en Inde à la moitié du XIXe. Quand il vint à Dakshnineswar, Sri Ramkrishna était décédé depuis très longtemps. Il trouva des dessins faits au charbon par Sri Ramakrishna sur le mur. Il copia ces dessins au charbon et plus tard ils devinrent célèbres. Beaucoup plus tard, quand le temple de Belur Math fut érigé en 1937, il y avait une très belle statue de Sri Ramakrishna qui était posée sur du marbre. L’autel où elle est installée a été dessiné, sculpté par cet artiste qui dessina aussi le temple de Ramakrishna à Kamarpukur, son nom est Nandalal Bose.

Une autre fois, il partit visiter un temple à quelques kilomètres avec un groupe de femmes et de jeunes enfants. Toutes les femmes chantaient sur le chemin les chants en l’honneur de cette déité. Le garçon se déplaçait avec elles, il écoutait et chantait les chansons. Il fut absorbé par la déité et son esprit s’éleva si haut qu’il dépassa la conscience du corps et du mental. Beaucoup pensèrent que cet enfant était malade ou trop fatigué pour marcher sur une longue distance. Mais l’un d’entre eux comprit ce qu’il se passait et il dit aux autres d’approcher et de chanter le nom de cette divinité. Progressivement, Ramakrishna revint à une conscience normale.

Ainsi dès son enfance il pouvait s’absorber dans beaucoup de choses : dans la nature, lorsqu’il était sur scène pour représenter Shiva ou lorsqu’il écoutait et chantait une chanson consacrée à une divinité. Ce très beau trait de son esprit, n’est pas quelque chose d’ordinaire. Nous savons combien il est difficile de se concentrer, et connaitre la perte de conscience du corps est quelque chose de très élevé. Son esprit l’aida dans sa vie.

 

Une vie dédiée à la réalisation de Dieu

Quand il vint à Calcutta, son frère essaya de lui enseigner les Écritures. Mais cela ne l’intéressait pas car il avait déjà choisi son but dans cette vie : réaliser la Vérité, réaliser Dieu. Il voulait se consacrer toute sa vie à cela.

Toute sa famille vénérait Rama, c’est pourquoi on retrouve Rama dans le nom des membres de la famille, aussi bien chez les hommes que chez les femmes : Ramkumar, Rameshvara, Ridaram… Toute la famille était composée de dévots de Ramachandra. Vous savez en Inde il y a des traditions, nous vénérons dieu dans différentes formes.

Dernièrement quand nous avons célébré Shivaratri dans notre chapelle, il y avait un lingam où nous faisions les offrandes. Parfois c’est une représentation en pierre, parfois en métal, mais pour nous ce n’est pas une simple pierre, et l’offrande est faite à Dieu lui-même, présent dans cette pierre. Il existe différents types de pierres pour effectuer les pujas : la puja de Vishnou est offerte sur shalagram shila[iv], on offre la puja de Ramachandra sur une pierre spéciale, d’autres pierre sont utilisées pour shiva lingam. Ce n’est pas la puja de la pierre ou sur la pierre. C’est une puja faite à la pierre car Dieu y est présent. Depuis son jeune âge Ramakrishna faisait la puja pour Ramchandra. A Dakshineswar, il commença à faire une puja dédiée à la Mère divine Kali. Dakshineswar n’est pas seulement un temple de Kali, c’est un complexe de temples avec 12 temples de Shiva, un temple de Radhakrishna et le temple de Kali bien sûr. Il faisait la puja dans tous les temples, mais avait un attachement spécial avec la Mère Kali. C’est peut-être pour nous une image en pierre, mais pour Ramakrishna elle était vivante. Il lui parlait, lui demandait conseil, comme un petit enfant à sa mère. Et la Mère lui a toujours montré le bon chemin.

 

Message d’universalité

Sri Ramakrishna vénérait Kali dans le temple, il priait la Mère Divine : « Dans ce monde il y a tant de gens, il y a tant de façons de vénérer Dieu ! Oh Mère, je veux les voir, je veux expérimenter leurs voies. Je veux comprendre comment ils ont pu se réaliser de différentes façons ». Il s’agissait d’un arrangement divin : la Mère divine a organisé différentes choses pour lui qui lui ont permis de suivre les différentes voies. Et il expérimenta les voies par lesquelles ces gens s’étaient libérés. En Inde, la liberté religieuse est très importante. Il y a tant d’Écritures, d’âmes réalisées. Toute personne qui réussit instruit la prochaine génération. Il y a donc de nombreux chemins que les gens essaient de pratiquer et si on est sincère, on peut progresser rapidement. Sri Ramakrishna réalisa ces différentes voies. Il dit ensuite qu’il ne s’agit pas uniquement d’accomplir les rites et rituels, on doit avoir l’envie profonde de se réaliser. Sans cette motivation, cette sensation d’urgence ce n’est pas vraiment possible. Pour réaliser la vérité en vous, quel que soit le chemin que vous vouliez suivre, vous devez avoir cette envie, cette sensation d’urgence.

Dans un des hymnes dédiés à Shiva, il y a un très bel exemple que Sri Ramakrishna aimait et dont il reprenait les paroles : « toutes les rivières mènent au même océan, chaque rivière a son propre cours. » La rivière peut aller selon un chemin, d’un point à un autre et se jette finalement dans l’océan. Nos chemins religieux sont ainsi, quel que soit le chemin suivi, c’est suivre le lit particulier d’une rivière mais au final nous allons tous vers le même océan, nous voulons atteindre le même Dieu. Ce n’est pas que nous cherchions ou vénérions des Dieux différents. Les Dieux chrétiens ne sont pas différents des Dieux hindous ou musulmans. Nous allons tous atteindre le même point, le même but. Sri Ramakrishna avait réalisé cela et il prêchait ainsi.

 

Le concept de Dieu est très différent d’une personne à l’autre. Certains aiment Dieu avec une forme, d’autres sans forme, les uns vénèrent Dieu pour certaines qualités et les autres pour des qualités différentes. Il y a tant de façons différentes de vénérer Dieu, tant de concepts, d’idées de Dieu. Alors, Sri Ramakrishna enseigna comment prier Dieu. Il demandait aux gens : « quel Dieu aimez-vous ? ». Certains disaient celui-ci ou celui-là. Certains disaient : « je ne sais pas si dieu existe, alors comment puis-je le vénérer ou le prier ? ». Alors Ramakrishna avait l’habitude de leur enseigner de prier de cette façon : « Oh mon Dieu ! Si tu existes, alors s’il te plait manifeste-toi à moi, ainsi je pourrais te comprendre ». Cela dépend de la sincérité et du désir qu’il y a dans la prière. Si la personne est vraiment décidée à le réaliser, cette personne y parviendra tôt ou tard. Cette prière est vraiment très importante : « Dieu je ne te connais pas, mais je veux te comprendre et te réaliser. S’il te plait fait de moi une âme réalisée. » Tout le monde peut prier de cette façon, même si une personne n’a pas foi en Dieu, si elle le souhaite elle peut aussi prier : « Oh Dieu si tu existes vraiment je veux te réaliser, s’il te plait aide-moi ».

Sri Ramakrishna ne négligeait pas les gens qui ne croyaient qu’en un seul chemin. Il y a tant de voies dans la religion, si vous aimez un chemin faites votre sadhana, votre pratique. Le but est l’ultime réalisation. Si on ne peut pas la réaliser, alors la vie n’atteint pas sa plénitude. L’idée de vénération, de comment prier et la réalisation, dépendent de la volonté, du désir. Sans cette motivation, il n’y a pas de succès possible. Si vous appartenez à telle ou telle religion, vous êtes libre de le faire à votre manière, mais ne pensez pas que votre chemin soit le seul. Sri Ramakrishna voulait harmoniser toutes les différences, pas seulement sur les voies des religions, mais sur d’autres plans aussi. Par exemple, des personnes deviennent moines, d’autres vivent dans le monde, chacun a raison sur son chemin. Chacun devrait avoir du respect pour l’autre et chacun peut avancer sur son chemin spirituel. Ce ne sont pas seulement les moines qui se réalisent, ce ne sont pas uniquement les chefs de famille qui se réalisent, tout le monde peut se réaliser, à tout âge, mais on doit être très sincère. Sans la sincérité, on ne peut pas progresser sur le chemin spirituel.

 

Le détachement

Si quelqu’un veut vraiment avancer sur le chemin spirituel, il doit pratiquer vairagya, le détachement. Ce n’est pas uniquement pour les moines, elle peut être pratiquée par tout le monde, par toute personne qui veut avancer sur le chemin spirituel. Des personnes demandaient à Sri Ramakrishna : « nous avons notre propre famille, notre épouse, notre mari, nous avons nos enfants, nos proches, nos liens sociaux, nous avons tant de devoirs, de choses à faire dans notre vie, comment pouvons-nous pratiquer le détachement ? » Sri Ramakrishna disait de façon très belle : vous pouvez pratiquer le détachement, pensez que toute chose appartient à Dieu, et soyez prêt à quitter chaque chose à tout moment de votre vie. Nous pouvons le pratiquer dans notre quotidien. Il donna l’exemple d’une nourrice. Elle prenait soin des enfants d’un chef de famille, mais elle savait dans son cœur que ce n’était pas ses enfants. Elle se dit : « Peut-être suis-je là pour plusieurs années ? Je peux être rappelée à tout moment, je peux être congédiée à tout moment. Je fais mon service sincèrement, depuis des années, mais je dois être prête à partir à tout moment, sans avoir de regrets. » C’est le détachement, ce n’est pas très facile à pratiquer. Si nous devons quitter une maison, nous regardons toujours en arrière, encore et encore. Si nous devons quitter le village, nous regardons toujours en arrière. Si nous devons nous déplacer d’un endroit à un autre, nous ne voulons pas. Cela signifie que nous sommes attachés à toutes ces choses derrière nous. Sri Ramakrishna nous a enseigné comment pratiquer le détachement. Comment définissons-nous le détachement ? Ce n’est pas un vide. C’est se dissocier des choses et s’associer avec Dieu. Ce n’est pas quelque chose que je retire pour laisser une place vide. Cet espace doit être comblé par Dieu. Dans le travail, la vie, l’endroit où nous sommes, tout devrait être empli de sainteté. Ainsi quand nous nous déplaçons d’un endroit à un autre, nous ne regardons pas en arrière, notre esprit est préparé. Où que nous allions, nous expérimentons la même conscience de Dieu. Ainsi la vie de Sri Ramakrishna nous enseigne que nous devons remplir notre vie avec cette conscience de Dieu, que nous soyons moines ou dans la vie mondaine. Essayons de le mettre en pratique encore et encore, et après des années et des années, nous pourrons trouver cette vérité. Nous ne pouvons pas arrêter cette pratique après quelques années, nous devons continuer pendant toute notre vie et si nous sommes vraiment sincères, nous serons bénis et nous atteindrons cette réalisation.

 

Que Ramakrishna nous bénisse tous !

Om paix, paix, paix

 

[i] Le prasad est une offrande ou nourriture qui a été présentée à une divinité, ou à un maître spirituel afin qu'elle soit bénie avant d'être redistribuée aux fidèles.

[ii] Une puja est un rite d'offrande et d'adoration de l'hindouisme, du bouddhisme ou du jaïnisme.

[iii] Une sadhana est une pratique spirituelle, une discipline régulière.

[iv] Un shaligram, également appelé shalagram shila, est une variété particulière de pierre collectée dans le lit de la rivière ou sur les rives de la Kali Gandaki, un affluent de la rivière Gandaki au Népal, utilisée comme représentation non anthropomorphique de Vishnu par certains hindous.

(d’après Wikipédia)

 

 


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