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Sagesse des arbres

Imitez les arbres magnifiques qui ne disent mot de leur ravissement, mais soufflent abondamment la brise lumineuse. D. H. LAWRENCE

L'un des enseignements les plus essentiels de la spiritualité celtique, c'est que le monde naturel est radicalement vivant et sensible. Apprendre à percevoir les arbres comme des membre conscients, vivants, de notre communauté planétaire, ouvre la voie pour la prochaine étape de l'évolution de la conscience occidentale moderne - réaliser que les membres de ce que l'écopsychologue David Abram appelle le monde «plus qu'humain», sont aussi conscients, à leur manière, que l'espèce humaine. Quand on a pleinement réalisé cela, de nouvelles possibilités de relations s'ouvrent, car les jours qui deviennent plus longs nous appellent à passer plus de temps dans le Monde Vert, pour utiliser le terme par lequel la poétesse écossaise Fiona MacLeod désigne la nature. Nous pouvons commencer à faire connaissance avec ces grands êtres sages que le monde moderne a considérés comme de simples fournisseurs de bois, ou comme de décoratifs auxiliaires de vie dans le monde humain.

Marcher parmi les arbres, c'est se reconnecter avec nos profondes racines ancestrales dans la forêt. Regarder à travers les branches en spirale d'un séquoia géant, c'est contempler un mandala vivant ; regarder les couleurs d'un érable en automne, c'est être témoin du tableau toujours changeant d'un artiste sublime. Inhaler le parfum du pin et du cèdre, c'est absorber l'essence de la nature. Les arbres peuvent nous aider à débarrasser notre mental de la frénésie de nos vies hâtives, inspirer nos pensées, calmer nos émotions, et nous emplir de sérénité. Ils sont les anciens de cette planète, qui incarnent une sagesse ineffable qu'ils partageront avec nous si nous nous donnons simplement la peine de la rechercher. J'ai découvert qu'un court instant passé en présence de certains arbres peut m'apaiser et me détendre, comme si l'arbre lui-même m'aidait doucement à considérer mes peurs et mes angoisses selon une perspective plus large. Des études scientifiques récentes ont confirmé ce que nous sommes nombreux à savoir intuitivement - que les arbres peuvent réduire le stress dans notre vie. Ma propre recherche m'a montré que les arbres non seulement absorbent le dioxyde de carbone et donnent de l'oxygène, mais qu'ils agissent aussi comme purificateurs en absorbant l'énergie émotionnelle négative émise par les êtres humains, et en la transmuant en énergie positive saine. Ils inspirent le bruit et expirent le silence ; ils inhalent notre douleur, et exhalent la paix. Ils prennent en eux-mêmes toute la cacophonie du monde des humains et des machines et en font une danse du vent sur les branches, balancement des grands feuillages, mouchetures du soleil sur les feuilles, et tous les joyeux mouvements de la lumière.

Se lier avec les Arbres
Pour établir une connexion avec le monde des arbres, commencez par remarquer les arbres qui sont dans votre voisinage, ou dans un parc assez proche. Quand vous faites un tour, regardez-les et accueillez-les chaudement comme vous le feriez avec un beau chien ou un beau chat que vous avez la chance de rencontre. (Vous pouvez faire cela silencieusement s'il y a des gens à proximité). Chaque fois que vous passez, notez les changements dans la croissance et la couleur de leurs branches, de leurs feuilles, de leurs fleurs et de leurs fruits, au rythme des saisons. Remarquez aussi les changements les plus subtils de disposition et d'énergie. Souriez-leur et touchez-les quand vous passez. Asseyez-vous sous un arbre pour prendre votre déjeuner, faites-y une sieste l'après-midi, ou venez vous y détendre après le travail. Faites en sorte que la vie des arbres devienne une partie de votre expérience de votre monde immédiat.
Pour approfondir votre relation avec les arbres, allez dans un parc ou dans un endroit sauvage, ou dans une forêt où vous ne serez pas dérangé.

1. Marchez parmi divers groupes d'arbres, calmez votre mental, et efforcez-vous de vous harmoniser avec leur énergie. Dans certaines parties de la forêt, les arbres peuvent sembler plus «éveillés» que dans d'autres. Certains peuvent sembler foretdebrocliandedéborder de chaleur et d'amitié, tandis que d'autres restent à l'écart. Remarquez comment des espèces différentes émanent des types d'énergie différents.
2. Laissez-vous attirer par un arbre en particulier, et approchez-vous-en. Observez-en chaque partie, des racines à la cime. Chaque arbre a un champ d'énergie, une aura. Voyez si vous pouvez détecter où l'aura commence en vous rapprochant et en vous éloignant de l'arbre, et en vous servant de vos paumes pour sentir son énergie.
3. Envoyez de l'énergie chaude vers l'arbre, depuis votre cœur, et demandez s'il vous permet de vous rapprocher et de passer du temps avec lui. Si c'est accordé, approchez-vous encore de l'arbre, et circumambulez-le dextrorsum. Puis placez vos deux mains et votre corps contre le tronc, et branchez-vous sur sa conscience. Remarquez comment l'arbre semble se rapprocher, son odeur, la sensation qu'il produit contre la peau.
4. Frottez une feuille fraîche ou une aiguille entre vos doigts, et inhalez le parfum.
5. Maintenant, asseyez-vous contre le tronc et ouvrez-vous au pouvoir de l'arbre. Laissez-le vous emmener dans une méditation profonde. Vous n'avez rien d'autre à faire que rester détendu et présent, et laisser l'arbre calmer vos pensées et purifier doucement votre esprit de toute agitation de la vie moderne. Jouissez de cet état de paix aussi longtemps que vous le voulez.
6. Quand vous êtes prêt, levez-vous, et replacez vos mains sur le tronc, le remerciant de tout votre cœur. Cultiver une attitude de gratitude envers un arbre, c'est une partie importante de la construction d'une relation avec lui. Cela fait des millions d'années que nous recevons leurs dons, et que nous donnons si peu en retour. 

Respect pour les Arbres
Les arbres apportaient aux peuples des terres celtes d'innombrables dons précieux de nourriture, de boisson, de teintures, et de remèdes végétaux. Ils étaient une inestimable source de combustible et de matériau de construction, de menuiserie, servant aussi à faire des récipients et des outils, et tout l'équipement du fermier. Le respect pour leur pouvoir et la gratitude pour leurs dons continuèrent d'être vivants dans le cœur et l'esprit des gens de la campagne même à l'époque moderne, et beaucoup auraient été horrifiés de voir que les arbres sont maintenant traités comme des objets inanimés - « du bois».
Des siècles de coexistence avec les arbres ont conduit à une connaissance intime de leur nature spirituelle au-dessus et au-delà de leurs propriétés physiques et de leur utilisation. Les arbres étaient considérés comme des êtres vivants, doués d'une âme. Un arbre sacré qui était coupé ou abattu d'une mauvaise façon, pouvait saigner ou crier. A une époque, aussi tardive que le XVIIe s., l'historien John Aubrey écrivait : «Quand un chêne est abattu, avant de tomber, il émet une sorte de cri perçant, ou de gémissement, qui peut être entendu à une lieue, comme si c'était le génie du chêne qui se lamentait. E. Wyld, Esquire, l'a entendu plusieurs fois.»
Blesser un arbre sacré, c'était une invitation au désastre. Maladie, mort, perte financière, pouvaient être la conséquence de ceux qui étaient assez inconscients pour oser déranger une aubépine magique, ne serait-ce qu'en prenant une feuille, ou en arrachant une brindille. Même suspendre son linge sur une épine était déconseillé, car cela pouvait recouvrir les habits des hôtes enchantés, déjà étendus là. Si vous faites une promenade en voiture dans la campagne irlandaise, vous pouvez avoir la surprise de voir soudain la route décrire un virage aigu pour éviter un arbre enchanté, que les cantonniers on refusé d'enlever. Jusque dans les années 1980, les ouvriers des usines de montage de voitures de De Lorean, en Irlande du Nord, disaient que si les affaires étaient si problématiques, c'était parce qu'un buisson d'épines enchantées avait été coupé au cours de la construction de l'usine. La direction prit cela si au sérieux, qu'un autre buisson fut planté, et qu'un rite traditionnel fut accompli !
Les gens de la campagne ont toujours fait des offrandes aux arbres sacrés, tout au long des siècles. Au XIXe siècle, les pêcheurs écossais de la région de Cromarty rendaient visite à un sorbier avant de partir en mer. Ils plaçaient de petites pierres blanches dans un creux de son tronc, de façon que l'esprit les protège et assure une bonne pêche. Comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent, les pèlerins continuent de visiter les sources sacrées, et d'attacher de la laine, des rubans, ou des chiffons à l'arbre «clootie» le plus proche, dans l'espoir d'en recevoir la guérison. En empruntant la route principale à travers Black Isle, près d'Inverness, dans le Nord de l'Ecosse, les automobilistes peuvent encore voir une source «clootie», où les arbres ploient sous le poids de milliers de morceaux noués de chemises et de serviettes, jusqu'à des mouchoirs, des vêtements de bébé, et même des espadrilles.
En retour, les arbres offraient leurs branches et leurs baies pour la guérison, la protection, et la chance. Des brins de houx portés sur les vêtements protégeaient du mal. Les fermiers suspendaient des croix de sorbier au-dessus des étables et des granges pour protéger leur bétail. Les cochers de fourgons mortuaires avaient des manches de fouet en sureau pour tenir les esprits en respect. Comme les druides, les campagnards s'adressaient aux arbres pour connaître l'avenir ; une feuille de frêne placée sous l'oreiller, la nuit, apportait le rêve d'un amour à venir. On savait quand il fallait ramasser le bois pour des croix des baguettes, ou des amulettes protectrices au crépuscule, à l'aube, ou à minuit, et en accord avec les phases de la lune. On prenait soin de demander la permission à l'esprit de l'arbre. Par exemple, on disait à la Mère Sureau, qui vit à l'intérieur du sureau : «Vieille Femme, donne-moi un peu de ton bois, et je te donnerai du mien quand je pousserai dans un arbre.» Cette vieille invocation montre une autre croyance populaire que des siècles de christianisme ne parvinrent guère à modifier - à savoir que les esprits humains peuvent résider dans un arbre. Des histoires et des ballades anciennes parlent d'arbres qui poussent sur les tombes des amants et s'entrelacent en une étreinte aimante. Dans le conte tragique irlandais de Baile et Ailinn, Baile (bwa-lyah) meurt de chagrin pour la belle Ailinn. Après qu'il fut enterré, un if poussa sur sa tombe et «l'image de sa tête était dans les branches». Sept ans après, des poètes coupèrent l'if, et en firent des tablettes à écrire ; peut-être que le grand amour de Baile inspira leurs compositions.

extrait de Vivre la Tradition celtique au fil des saisons de Mara Freeman (éditins Trédaniel)


Commentaires

À nos semblablesParvathi 23-04-2020 15:59
Sources, vecteurs et transformateurs _/\_ Avec Tout Mon Amour

"Ils inspirent le bruit et expirent le silence ; ils inhalent notre douleur, et exhalent la paix. Ils prennent en eux-mêmes toute la cacophonie du monde des humains et des machines et en font une danse du vent sur les branches, balancement des grands feuillages, mouchetures du soleil sur les feuilles, et tous les joyeux mouvements de la lumière."
Extrait de Vivre la Tradition celtique au fil des saisons de Mara Freeman (éditins Trédaniel)

"J'aperçois les hommes : je vois comme des arbres qui marchent."
Evangile selon St Marc, et Olivier de rajouter :
"Qui voit clair ? Celui qui voit les arbres comme des arbres et les hommes comme des hommes ? Ou bien celui qui sait voir tout en chaque chose ? "(Nature à réflexion du 21/04/2020)

"Déraciner quelqu'un est un crime, se déraciner soi-même est la plus haute des conquêtes."
Peter Handke, et Olivier de rajouter :
"Notre ego, c'est un arbre en pot. Il faut le transplanter : racines dans le ciel et branches vers la terre." (Nature à réflexion du 14/04/2020)

"Ayant coupé cet arbre Ashvattha, aux fortes racines, avec l'arme puissante du détachement, on doit chercher le but d'où ceux qui l'ont atteint ne reviennent jamais et prendre refuge en Lui, le Purusha primordial de qui est sortie l'éternelle tendance à l'action."
Bhagavad Gita, Chap. XV Le Yoga du suprême Purusha, v. 3-4.

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